Un film en 3D

Le lent déclin de la 3D

Souvenez-vous : nous sommes en 2009 et un film bat tous les records au box office tout en en profitant pour dépoussiérer un format longtemps considéré comme gadget. Ce film, c’est Avatar et le format n’est autre que la 3D. Mais six ans plus tard, le relief que l’on attendait partout semble être aux abonnés absents. Alors la 3D, phénomène de mode déjà dépassée ou véritable technologie d’avenir ?

Un film en 3D

La 3D au cinéma : je t’aime moi non plus

Le principe de la 3D pour donner du relief aux films n’est pas une nouveauté, loin s’en faut : le tout premier film en relief date de 1952. Il s’agit de Bwana Devil qui promet à l’époque au spectateur « Un lion sur vos genoux, une amante entre vos bras ». Ce film lança d’ailleurs une véritable frénésie de films en trois dimensions (une cinquantaine sont diffusés en l’espace de 5 ans) dont le plus célèbre reste à ce jour L’Étrange Créature du lac noir.

Puis le format passe aux oubliettes avant de faire un come-back timide dans les années 80 avec entre autres Les Dents de la mer 3 puis connut une nouvelle période de sommeil qui ne fut véritablement remise en question qu’après la sortie d’Avatar de James Cameron. En effet, le film est un succès en grande partie car le réalisateur a fait le choix d’un tournage pensé pour un relief d’un genre nouveau : le relief numérique. En cela, Avatar s’appuie d’ailleurs sur une technique irréprochable qui prend toute sa saveur en 3D sans pour autant faire le choix du sensationnalisme (au contraire de la fameuse publicité Haribo diffusée avant le film qui donnait l’impression au spectateur que les personnages et les bonbons flottaient juste devant lui).

La 3D est relancée pour de bon, du moins le pense-t-on à ce moment là. Mais dans les faits, la 3D au cinéma se voit opposer plusieurs limites : un prix trop élevé, une impression de relief parfois très limitée et souvent un aspect très gadget. Là où Avatar mettait en perspective des paysages ouverts avec beaucoup de profondeur, que penser de films comme Saw 3D (qui nous promet des exécutions sanglantes en relief) ou Piranha 3D ? D’ailleurs, le public en vient à se lasser, préférant se tourner vers le format classique, moins cher et moins enclin à provoquer des migraines.

Tranquillement et après avoir obligé les gérants de salle à investir de grosses sommes pour diffuser de tels films, le relief tire sa révérence : les films à gros budget continuent à sortir en relief mais le fait que peu de films soient tournés en 3D native tend à ralentir plus encore les entrées et l’envie du public pour le genre. Reste aux producteurs à se repenser leur manière de faire pour relancer la machine.

 

Les autres secteurs : vers un abandon progressif

Mais ce n’est pas que le cinéma qui voit son exploitation de la technologie relief mourir à petit feu. En effet, après l’engouement en salles obscures, les fabricants de télévisions et certains acteurs du jeu vidéo se sont positionné sur l’idée afin de développer des solutions capables de surfer sur le succès de la 3D.

Du côté télévision, les écrans 3D ont envahi les magasins high-tech un temps avant de se voir remplacer par des écrans connectés, dépourvus de cette fonctionnalité somme toute très accessoire. A ce constat amer, s’ajoute le fait qu’à l’exception de quelques systèmes et films proposés en Blu-ray 3D, il existe assez peu de moyens de faire appel au format 3D. Et puis, peu de personnes sont véritablement enclines à s’affubler des lourdes et encombrantes lunettes qui accompagnent chaque visionnage.

Côté jeu vidéo, c’est encore pire : dans un premier temps, des studios proposèrent la 3D comme option dans leurs jeux (Arkham Asylulm – mais pas sa suite – ou Avatar : The Game) mais l’idée reste avant tout une option. Ensuite, ce fut le tour de la 3DS, console portable du géant nippon Nintendo qui s’appuyait sur un relief sans lunettes révolutionnaire. Pourtant, après quelques années d’exploitation, le constructeur lançait une version remaniée et sans 3D : la 2DS.

Difficile de rester optimiste devant l’avenir proche de la 3D quand on voit que les plus fidèles défenseurs de la technologie abandonnent un à un le format. On ne peut que se dire que la 3D reviendra à la mode dans 20 ans. D’ici là, il faudra faire avec un cinéma qui n’est pas forcément sans relief.