Sujet de débat particulièrement houleux, la corrida divise les Français, bien qu’une immense majorité (73 %*) pense qu’il vaudrait mieux l’interdire. Pourtant, les arènes du sud continuent de voir défiler taureaux et toreros dans des combats pas toujours équilibrés. Peut-on vraiment maintenir la tradition de la corrida en France ? Voilà un sujet de débat intéressant.
La corrida en France
C’est le jour J, les aficionados se massent tout sourire autour de l’arène : bientôt, la corrida va commencer et le matador, dans son habit de lumière, défiera le taureau dans un duel à mort. À mesure que s’enfoncent les banderilles dans la chair du taureau, le public s’enthousiasme et hurle son plaisir. Bientôt viendra le moment où le matador (tueur en espagnol) mettra fin au tourment de l’animal blessé, parachevant un bien triste spectacle qui s’est déroulé devant des milliers de témoins.
Pourtant, nous ne sommes pas à Séville, Grenade ou Saint-Sébastien : ces scènes ont régulièrement lieu dans les arènes du Midi de la France, à Arles, Nîmes ou même Dax qui bénéficient d’une étrange autorisation alors même que la corrida est interdite de fait en France. Cette exception est accordée à certaines villes françaises sous prétexte qu’il existe une tradition taurine dans certaines communes.
En France, la loi Grammont du 2 juillet 1850 stipule que les sévices aux animaux seront systématiquement punis, mais reste plutôt floue sur la question des corridas, entraînant jusque dans les années 1950 des situations variées quant au traitement de ces combats. C’est donc un siècle après la loi originelle qu’est ajouté un alinéa précisant que ladite loi n’est pas applicable aux corridas dans le cas où « une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».
Mais au final, la situation ne s’éclaircit guère : les trois termes principaux (tradition, locale et ininterrompue) étant laissés à l’appréciation des juges en cas de litige. D’ailleurs, quand en 2011 la tauromachie est inscrite à l’inventaire du patrimoine culturel de la France, la réaction ne se fait pas attendre et de nombreux opposants s’opposent vivement à cette décision.
Le combat des associations contre la corrida
Soutenus par la loi, les aficionados peuvent donc profiter d’un spectacle sanglant en s’abritant derrière l’idée qu’ils le font en toute légalité. Pourtant, de nombreuses associations continuent le combat afin de faire interdire, une bonne fois pour toute, les corridas dans le pays.
Parmi ces associations, il convient d’évoquer l’Alliance Anticorrida qui officie depuis plusieurs années afin de faire interdire la corrida. Pour cela, l’association s’est lancée dans un grand nombre d’actions sur le terrain (vastes manifestations, concerts, banderoles déployées au cœur des arènes, protection des mineurs…) mais également dans des actions juridiques pour faire cesser corridas, subventions et autres anomalies liées au monde de la tauromachie.
L’action, d’ailleurs, ne porte pas que sur le terrain puisque, parmi les différentes victoires de l’association on retrouve le retrait d’une collection briquets affichant des scènes de tauromachie opéré par la marque Zippo, ou l’arrêt du soutien de la tauromachie par de grandes firmes comme Lee Cooper , Mc Donald’s ou Carrefour. L’association tend également à pointer du doigt d’autres éléments qui mettent en valeur la corrida aux yeux du public par de nombreuses actions en direction des sponsors qui font la promotion de la tauromachie.
Des actions concrètes, des victoires éclatantes et un combat mené sur le long terme, l’Alliance Anticorrida semble bien partie pour lutter contre la tauromachie jusqu’à ce que cette pratique d’un autre âge soit définitivement bannie de nos contrées. Si vous abhorrez vous aussi les corridas pour quelque raison que ce soit, n’hésitez pas à soutenir l’Alliance Anticorrida à votre tour.
*Selon un sondage Ifop pour l’Alliance Anticorrida (source)
